Vos métiers évoluent et vos collaborateurs deviennent des hyper-entrepreneurs. Pouvez-vous nous expliquer?
On parle souvent de demande de sens de la part des candidats. Vendre du sens, c’est convaincre l’ensemble de nos collaborateurs que nous apportons de la valeur à chacune de nos missions. Cela réclame, pour les jeunes que nous recrutons, de se responsabiliser au plus tôt, et pour nous d’aplatir les organigrammes. Il s’agit de faire en sorte que, très rapidement, chacun participe aux prises de décision, à la stratégie, à l’amélioration de nos process internes. Quand vous rentrez chez Deloitte, vous êtes écoutés et vous pouvez apporter votre patte à un projet entrepreneurial.
Les métiers de l’audit souffrent parfois d’un manque d’attractivité auprès des jeunes. Comment Deloitte essaie de les persuader du contraire?
Il faut les convertir pendant qu’ils viennent faire leurs stages. On attache beaucoup d’importance à l’expérience du stage. Nous devons leur montrer que nos métiers ne correspondent pas aux idées reçues. Dans un groupe comme Deloitte, on apprend beaucoup plus que dans n’importe quelle entreprise. C’est la meilleure façon d’évoluer pour un jeune. Comprendre les chiffres, c’est être capable de comprendre tous les cycles de production de nos clients, comment fonctionne l’entreprise, à quels risques elle est confrontée, comment elle les maitrise… En somme, nos métiers permettent d’entrer dans une vraie réflexion sur ce qu’est la réalité de l’entreprise au quotidien.
Quelle est la promesse employeur de Deloitte?
Notre promesse est que chaque personne qui nous rejoint développe en permanence son employabilité et peut bénéficier d’une mobilité géographique, sectorielle, fonctionnelle… Nous valorisons le fait d’être une entreprise apprenante. Pour nos collaborateurs, c’est l’assurance de soit pouvoir progresser au sein de notre groupe soit de revendre son savoir-faire à une autre entreprise.
Votre marque employeur est-elle liée d’une façon ou d’une autre à votre marque corporate ?
Notre promesse corporate est de proposer à nos clients des solutions sur-mesure. La déclinaison sur la marque employeur est le fait d’assembler les bonnes compétences pour offrir ces solutions sur-mesure.
Comment doit-on penser ou réfléchir une stratégie de marque employeur ?
Je ne peux pas vous proposer une vision théorique mais vous raconter comment Deloitte a construit sa marque employeur. Nous sommes partis du constat que notre écosystème avait une mauvaise perception de nos métiers et qu’il fallait faire de la pédagogie. Cela passait forcément par un travail sur la simplification de la promesse employeur tout en établissant un lien entre cette promesse et le client.
Deloitte étant un architecte de compétences capable de bâtir des équipes pluridisciplinaires au service d’une industrie ou d’un secteur d’activité, nous en avons tiré les conséquences et identifié les avantages en termes d’intérêts des métiers et des carrières. C’était une prise de conscience : qui sommes-nous, quel est l’objet profond de notre entreprise, nos valeurs, et enfin comment arriver à cette simplification. Quand je le raconte, cela semble plutôt simple mais le process a fait l’objet de nombreuses réflexions avec nos collaborateurs, nos clients…
Vous êtes une des entreprises les plus avancées sur le terrain de la marque employeur. Quels sont vos enjeux futurs ? Plus de digitalisation? Plus tournée vers le business? Plus d’international?
Le principal enjeu, c’est d’être capable de mesurer en permanence les écarts entre la promesse et la façon dont elle est perçue en interne. Nous sommes certes très avancés sur la réflexion et nous voulons continuer à progresser sur l’innovation à travers les outils. Mais le challenge est réellement de pouvoir corriger les écarts. Nous devons rapprocher le vécu des collaborateurs avec ce que nous souhaitons comme marque employeur.
Quel regard portez-vous sur les marques employeur de vos concurrents ou des entreprises en général ?
Je ne regarde pas ce que font les autres. Le vrai danger, c’est de se comparer et alors on tombe dans le marketing. La marque employeur doit venir des valeurs et de l’ADN d’une organisation.
Quand nous avons commencé à penser notre stratégie, nous avons travaillé avec des personnes qui ne connaissaient pas nos métiers et ne faisaient pas des ressources humaines. Nous ne voulions aucun apriori car notre objectif était de rendre des services à des clients à travers notre politique de recrutement et de management des collaborateurs.
En fait, je n’aime pas trop le terme de marque employeur. Il est trop marketing. Nous, on veut simplement apporter des preuves, et c’est tout le contraire du marketing. Nous faisons de la pédagogie pour que les candidats sachent pourquoi ils viennent chez nous et qu’ils ne soient pas surpris en intégrant notre organisation.
Vous dites ne pas vouloir tomber dans le marketing. Pourtant, en construisant votre message employeur, vous avez certainement eu recours à ces techniques de marketing qui consistent à segmenter les candidats par rapport à leurs profils et leurs exigences avant d’apporter des réponses adaptées à ce ciblage. Peut-on réellement faire de la communication employeur sans s’engager dans une démarche marketing ?
A compter du jour où nous avons décidé de considérer nos collaborateurs – ainsi que ceux qui aspirent à le devenir – comme nos clients, nous avons du réfléchir aux meilleurs moyens à mettre en œuvre pour les attirer, les accueillir et les fidéliser. Ces techniques sont évidemment inspirées du marketing et de la communication, mais elles ne servent qu’à mettre en valeur des innovations sociales ou d’organisation permettant de développer une relation individualisée et durables avec nos collaborateurs. Ce sont ces innovations, associée à nos valeurs, qui doivent faire de Deloitte un employeur attractif.
Propos recueillis par @romaingiry
Jérémy Duris
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